Le radiophare de Cap-des-Rosiers

Aux environs de 1922, une nouvelle aide à la navigation, le radiophare, est apparue. Grâce à une antenne, cet appareil émet des ondes électromagnétiques permettant aux navigateurs, dont le navire était équipé d’un appareil radiogoniométrique, de prendre leur propre relèvement sans l’aide d’un opérateur radio basé à terre. Ils pouvaient dès lors déterminer la direction à suivre.

Ils furent d’abord conçus pour servir d’auxiliaire au traditionnel criard de brume. D’ailleurs, jusqu’à la fin des années 1920, les radiophares comptaient sur les machines du criard pour leur puissance. Ils devinrent opérationnels jour et nuit en 1929, actionnés une fois par heure dans des conditions atmosphériques normales et en permanence par temps de brume. Dès 1929, leur puissance d’antenne était de 200 watts et leur portée d’environ 12 km (75 miles). De plus, ils étaient entièrement automatiques. Chaque poste émettait un signal caractéristique, particulier et déterminé à l’avance, qui permettait aux navigateurs de l’identifier facilement.

À Cap-des-Rosiers, le radiophare fut opérationnel pour la première fois en 1949. II émettait, sur une fréquence de 300 kilocycles/seconde. En temps ordinaire, son signal émettait à l’heure et à la demi-heure et l’émission était continuelle par temps de faible visibilité.

Au mois de juin 1950, les transmissions du radiophare sont synchronisées avec les sons du criard de brume, afin de permettre la détermination exacte de la distance entre la station émettrice et le navire. Cette mesure sera abolie en 1964, étant devenue inutile à la suite de l’introduction d’une nouvelle méthode de calcul de la distance à partie de plusieurs stations.

Le 4 avril 1956, au début de la saison de navigation, on annonce officiellement que le radiophare sera en fonction douze mois par année. On avise à la même date la communauté maritime que le radiophare transmettra désormais ses signaux, beau temps, mauvais temps, pendant une minute sur trois. L’émission devient donc continuelle en tout temps comme elle l’était au préalable seulement dans les périodes de brouillard.

En 1964, on relie le radiophare de Cap-des-Rosiers avec cinq autres radiophares déjà établis dans d’autres endroits stratégiques du golfe St-Laurent. Chacun de ces radiophares opère maintenant selon un horaire précis, transmettant ainsi leurs émissions l’un après l’autre.

Cette nouvelle méthode améliore la mesure de la distance pour un navigateur passant dans le rayon d’action de ces appareils; en ayant plus de points de repère qu’auparavant (six au lieu d’un), il peut donc encore mieux déterminer sa position, en tout temps, et par conséquent le calcul et la définition précise du parcours qu’il souhaite suivre.

 

Le sémaphore et le télégraphe à Cap-des-Rosiers

En 1879 et 1880 se constitue dans le fleuve et le golfe St-Laurent un service de signaux par sémaphore, selon un code international mis au point en Angleterre en 1856. Les emplacements des stations de phare furent choisis comme sites privilégiés pour l’établissement des sémaphores. En même temps, le télégraphe propriété de la Great North Western Telegraph Cie s’y installe aussi, mais les liens se feront un peu moins rapidement; ce n’est qu’en 1885 que tous les phares encerclant le littoral de la péninsule gaspésienne seront reliés par une ligne télégraphique.

La principale fonction des sémaphores était de transmettre au moyen de signaux optiques des messages aux navires passant à proximité d’un phare. Ces messages contenaient des indications diverses. Les plus importantes concernaient les conditions météorologiques générales, tempêtes, vitesses du vent, températures, état des glaces, que le navigateur aurait à rencontrer en voguant vers sa destination. Le télégraphe servait à faire parvenir ces informations aux différentes stations de phare qui n’avaient plus qu’à les communiquer aux différents bâtiments. Le système fonctionnait aussi dans l’autre sens; les navigateurs pouvaient communiquer divers messages aux stations de phare. De plus, le lien télégraphique avec Québec permettait aux préposés aux signaux de signaler les vaisseaux qui croisaient en front de leur station. Le Tout-Québec pouvait ainsi être avisé du mouvement des navires. Les dépêches étaient, au début, affichées dans les bureaux de la Great North Western sur la rue St-Pierre, et plus tard, les journaux les publièrent.

À la station de phare de Cap-des-Rosiers, même si le sémaphore et le télégraphe furent officiellement établis et prêts à entrer en fonction le 20 octobre 1879, pour les besoins de la navigation, cela n’empêche pas que Cap-des-Rosiers était, avant cette date, équipé d’une station de télégraphe dont les fonctions étaient cependant circonscrites puisqu’il n’y avait pas de sémaphore.Dès 1871, le gardien Auguste Trudeau en était l’opérateur du télégraphe et sa tâche consistait à signaler à Québec les navires qui passaient en front de la station du phare, dans un sens comme dans l’autre, et à fournir des rapports météo (le site du phare de Cap-des-Rosiers était un poste d’observation météorologique de classe II) à l’observatoire magnétique de Toronto. Cependant, c’étaient les seules activités qu’on pouvait accomplir. L’absence de sémaphore empêchait de transmettre à Québec d’éventuels messages des navigateurs ou de leur communiquer des informations à ces derniers.

Lors de l’adjonction du sémaphore à la station de télégraphe en 1879, les gardiens de phare de Cap-des-Rosiers devinrent les préposés de cette station de signaux au moyen de pavillons et délaissèrent rapidement la tâche d’opérateur de télégraphe, réservant cet ouvrage à des aides ou très probablement, aux employés mêmes de la compagnie de télégraphe, propriétaire du poste de transmission télégraphique. Le salaire supplémentaire perçu par les gardiens de phare, préposé aux stations de signaux optiques, sera pendant de nombreuses années de 50 $ par année.

L’arrivée de la télégraphie sans fil au début de 1900 causa l’abandon progressif de l’usage par les navigateurs de la station sémaphorique de Cap-des-Rosiers. Le 22 juin 1951, on avisa officiellement toute la communauté maritime de l’abolition définitive de l’emploi de ce système suranné de communication au Canada. En 1957, le mat de signaux qui avait été laissé en place fut retiré des lieux de la station de Cap-des-Rosiers.

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